Rencontre avec Stella Rollig

Stella Rollig est critique d’art et commissaire d’exposition. En 1994, elle crée le Dépôt, centre d'archive pour l'art contemporain. En 1996, elle est nommée commissaire fédéral pour l’Autriche, pour une durée d’un an pendant laquelle elle met en place, entre autres, le projet Museum in Progress qui élabore des interventions et projets dans le domaine de l'art contemporain.

Lors de notre rencontre Stella Rollig évoqua essentiellement son point de vue sur le rôle du curateur et ses propres positions curatoriales. D’après elle, un curateur doit créer un espace d’étude critique, en cela, elle rejoint Hildegund Amanshauser, et est proche des initiatives comme celles de l’Institut d’Etudes Critiques de l’Akademie für Bildenden Kunst de Vienne.
Nous avons aussi abordé avec elle la question de la scène artistique autrichienne vis-à-vis du nouveau gouvernement. Elle souleva essentiellement trois points commençant par la question des subventions. En effet dès les élections, les institutions se sont positionnées contre le gouvernement sous différentes formes (voir le projet Fassade à la Secession). Cependant personne n'a refusé les subventions données par ce même gouvernement. Cette situation politique a conduit à une interrogation réelle sur la question des subventions et de leurs provenances.
Elle aborda également la question du boycott de l'Autriche de la part des autres pays, mais aussi de la part d'artistes " nationaux " (même s'il est important de relativiser cette dernière affirmation). Si elle trouve cette réaction normale, elle ne la justifie pas. En effet, une telle réaction, comme celle de Robert Fleck, qui a appelé à ce boycott, est non seulement violente mais reviendrait à isoler l’Autriche et à condamner sa scène artistique. Or la solution, si solution il y a, face à ce gouvernement serait plutôt à trouver dans une collaboration accrue avec institutions et artistes étrangers.
Quant à la question de savoir si les artistes autrichiens ont tendance à s’expatrier en attendant le retour d’un gouvernement sans membre du parti de J. Haider, comme cela l’a souvent été évoqué dans les médias français au moment de l’élection et quelque mois après, elle nous a clairement assuré que non.
Nous avons conclu l'entretien sur la situation géographique de l’Autriche afin de savoir si cela était un avantage pour la scène artistique autrichienne, mais aussi pour celle issue des pays de l’Est ; nous nous demandions, en effet, si l'Autriche pouvait être considérée comme point de passage vers l’Ouest. Or cela ne semble pas être le cas : l’Autriche ne semble pas en profiter et ne semble pas le souhaiter, peut-être par peur de ne rien avoir à gagner à travailler avec l’Est.